« Est-ce que nous avons la foi ou seulement du jus de carotte dans les veines ? » Cette question que pose le père Jacques Jomier, islamologue et co-fondateur de l’Institut dominicain d’études orientales (Ideo) du Caire, donne le ton de sa correspondance avec le père Maurice Borrmans, qui nous offre ici les quelque 200 lettres signées et reçues de Jomier entre 1967 et 2008. Le dominicain s’y confie avec une intensité rare et s’émerveille autant qu’il s’emporte. Il couche sur le papier son admiration pour Massignon, ses interrogations quant à l’avenir du dialogue entre chrétiens et musulmans, ses colères contre ceux qui veulent taire les ambiguïtés du Coran, son souci de collaborer à de nombreuses publications, sa joie de voyager pour partager sa connaissance de l’islam. A travers toutes ces lettres, inédites, où Jomier se révèle parfois heureux, souvent désemparé et toujours confiant en l’oeuvre de Dieu, le lecteur parcourt quarante années d’après Concile où le dialogue interreligieux prend une grande place dans la mission de l’Eglise. C’est ce qui fait l’intérêt de ces textes au ton parfois abrupt certes, mais qui posent de façon très claire les enjeux du dialogue interreligieux pour aujourd’hui.
544 pages – 15 x 20 cm
Prêtre de la Société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs), docteur des lettres, le père Maurice Borrmans fonda en 1975 – et dirigea jusqu’en 2004 – Islamochristiana, revue de référence pour le dialogue interreligieux. Après 20 ans passés en Algérie et en Tunisie, il enseigna longtemps le droit musulman et l’histoire des relations islamo-chrétiennes au Pontificio istituto di studi arabi e d’islamistica (PISAI) de Rome, organisa divers colloques et publia de nombreux ouvrages. Le dernier paru est Prier 15 jours avec Louis Massignon (Nouvelle cité).