Lorsque quelqu’un change de religion ou passe de l’agnosticisme à une religion, on dit de lui qu’il s’est converti. En fait, il a changé d’affiliation religieuse ou d’une absence d’affiliation religieuse à une affiliation déclarée. Est-ce que le changement d’affiliation religieuse est identique à la conversion ? Non, à l’évidence, puisque l’on demande à tous les chrétiens, sans changer de religion, de n’avoir de cesse de se convertir : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle » (Célébration d’imposition des cendres en début de carême). Cette simple remarque suffit à introduire dans la complexité de la conversion.
Le mot français vient du latin conversio, que l’on peut traduire par « retournement », et recouvre en fait deux mots grecs : epistrophe et metanoia. Le premier désigne un changement, mais avec l’idée de revenir à l’origine, à son identité première, à l’essentiel, et donc il comporte une idée de continuité et de fidélité à soi. Le second suggère l’idée d’une mutation, d’une rupture, d’une renaissance. On évaluera une conversion religieuse à la capacité à tenir ensemble ces deux dimensions : celle de rupture et celle de continuité.