Par la voix de son Magistère, l’Église catholique romaine, au cours du troisième tiers de ce XXe siècle, a impulsé un puissant mouvement de révision de ses positions théologiques pluriséculaires concernant Israël. On peut parler à ce propos d’une véritable révolution. Abandonnant résolument ce que Jules Isaac avait appelé l’« enseignement du mépris », cette Église s’est livrée à une réévaluation, ou pour mieux dire à une réhabilitation, de la tradition dont elle se reconnaît l’héritière. Mais précisément, ce rapport de filiation n’implique plus pour elle une « théologie de la substitution ». Elle commence dès lors à entrevoir une signification positive à la permanence d’Israël au long des siècles et jusqu’à ce jour, et à risquer même une parole encore timide sur la menace d’anéantissement qu’a fait peser sur cette communauté, dans les années trente et quarante de notre siècle, la collusion du néo- paganisme nazi et d’un antisémitisme sécrété, en dernière analyse, par le christianisme lui-même. 

16 x 22 cm